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La théorie du Donut au service de la transition juste

La théorie du Donut au service de la transition juste

Les indicateurs ne sont pas neutres. Ils se fondent sur une vision du monde qu’ils tendent à promouvoir, leur objectif étant d’orienter les économies vers ce qu’ils valorisent.

Publié le 07/11/2024
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C’est ainsi que l’augmentation du PIB (produit intérieur brut) va devenir après la deuxième guerre mondiale synonyme de progrès.

Cette affirmation se heurte aujourd’hui à plusieurs limites :

  • Les externalités négatives générées par le système de production telles que la pollution de l’eau, les inondations ou les sècheresses résultant des changements climatiques, par exemple. Si elles peuvent contribuer à l’augmentation du PIB du fait de l’activité économique générée par leur réparation ne produit pas de bien-être supplémentaire.
  • Qui plus est, aussi bien les bénéficiaires de la richesse produite que les victimes de ces externalités négatives sont mal répartis puisque les 1% les plus riches sont responsables de deux fois plus d’émissions que la moitié la plus pauvre de l’humanité. [1] Pourtant, ce sont les plus précaires et les femmes en particulier qui en paient le prix aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays pauvres. Ces derniers n’ont pas la capacité de s’adapter face aux conséquences de la destruction de l’environnement qui les touchent en premier (tempêtes, inondations, pollutions, pénuries alimentaires, etc.).

Les problèmes posés par le PIB qui sont bien plus nombreuses encore. Citons également l’absence de prise en compte de la finalité sociale de la production comme les armes ou le tabac.

Face à ces insuffisances, de nombreux indicateurs - complémentaires ou alternatifs – ont été développés comme l’empreinte écologique, l’IDH (indicateur de développement humain), l’indice de Gini, etc.

Par rapport au concept de transition juste défendu par les syndicats, une notion nous paraît particulièrement intéressante qui est la théorie du Donut.

Comme le lecteur le sait sans doute, la transition juste implique « la mise en œuvre de politiques qui luttent efficacement contre le dépassement des limites planétaires et contre les inégalités » [2]

La théorie du Donut, développée par l’économiste Kate Raworth en amont de la conférence Rio+20 de 2012 propose une grille de lecture qui permet de structurer sur base d’éléments concrets et mesurables une réflexion autour des enjeux de la transition juste.

Le diagramme proposé sous forme de donut, permet de visualiser, d’une part un plafond qui correspond aux limites planétaires, fondés sur des données scientifiques, et un plancher social sous lequel ne pas descendre pour que les 12 besoins de base dont personne ne devrait manquer (alimentation, santé, éducation, eau potable, logement, énergie, accès à un travail digne, égalité des genres, etc.) soient satisfaits.


Lors du sommet du G20 en 2018, Kate Raworth avait calculé quels pays sont les plus proches d’atteindre ce but. Comme on pouvait s’y attendre, aucun pays ne se situait à l’intérieur de l’espace où les besoins de base sont satisfaits sans mettre en péril les équilibres écologiques. Il y a peu de chance que la situation soit meilleure aujourd’hui.

Il n’empêche que plusieurs villes ou territoires utilisent à présent la théorie du donut afin d’orienter leurs politiques.

C’est le cas, en particulier, de Bruxelles où les premières étapes de l’application du modèle Donut ont été franchies par le projet BrusselsDonut, qui s’est déroulé entre août 2020 et mai 2021. Depuis février 2022, le projet a été relancé pour aller plus loin dans l’appropriation du Donut par les acteurs bruxellois et étoffer davantage le portrait de la Région. 

Mais le Donut peut également être exploité au niveau de l’entreprise.  Le DEAL (Doughnut Economics Action Lab ou Laboratoire d’action de l’économie du Donut) met à disposition un ensemble d’outils en open source comme le « Doughnut Design for Business » avec pour objectif de faciliter le parcours exploratoire des entreprises intéressées par l’application concrète de la théorie du Donut sur leurs activités.

En ce qui concerne RISE, nous allons mettre notre pierre à l’édifice en développant une approche syndicale de la théorie du Donut au service de la transition juste par la construction en 2025, d’un escape game qui sera proposé à nos délégués en formation.

 

A très bientôt pour y jouer !



[1] https://makerichpolluterspay.org/climate-equality-report/

[2] https://www.justtransition.be/fr/transition-juste

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