Ce mois-ci, c’est une nouvelle étude menée conjointement par le SPF et le Comité d’étude sur les investissement publics (CEIP) qui présente une analyse comparative des différents scénarios d’investissements additionnels qui permettraient de remédier à la situation.
Le document prend
en considération différents scénarios de transition vers la neutralité
climatique publiés au cours des dernières années par des acteurs privés et
publics en Belgique, en lien avec une revue de la littérature au niveau
national et international sur les besoins d’investissements supplémentaires qui
seraient nécessaires pour financer cette transition.
Les secteurs
analysés sont les bâtiments, les transports, l’énergie et l’industrie. Le
transport aérien et maritime international, l’agriculture, le traitement des
déchets et l’UTCF[1] ne sont
pas repris.
L’étude prend en
compte à la fois les coûts d’investissement (CAPEX) et les dépenses de
maintenance et énergétiques (OPEX).
Les pistes de
décarbonation sont connues : rénovation énergétique des bâtiments,
densification de l’habitat, électrification de la mobilité, développement des
énergies renouvelables, investissement dans les réseaux énergétiques et la
gestion de la demande, décarbonation des processus industriels.
Les scénarios
étudiés ici combinent trois types de leviers : sobriété, efficacité et
technologie.
Les mesures de
sobriété portent sur la réduction de la demande énergétique (par exemple, les
personnes parcourent moins de kilomètres ou vivent dans des logements plus
petits). L’efficacité vise une diminution des besoins en énergie pour répondre
au même besoin (par exemple, la consommation énergétique d’une habitation
diminue pour le même confort grâce à des mesures d’isolation). Les solutions
technologiques consistent à remplacer une technologie par une autre pour le
même usage (par exemple, remplacer les voitures à combustion interne par des
véhicules électriques ou les chaudières au gaz par des pompes à chaleur).
Il en ressort que
les investissements supplémentaires nécessaires se situent entre une fourchette
haute de 25 milliards d’euros en moyenne annuelle (4,3% du PIB) et une
fourchette basse de 11 milliards d’euros (1,9% du PIB).
Pour le secteur
des bâtiments, la fourchette se situe entre 7 et 10 milliards d’euros supplémentaires
par an, entre 3 et 8 milliards d’euros pour l’énergie, d’1 milliard d’euros
pour le transport et de 0,4 à 1,6 milliards d’euros pour l’industrie.
Les évaluations
les plus basses correspondent aux scénarios qui intègrent au maximum les
leviers de sobriété. La densification de l’habitat qui réduit les besoins de
déplacement, l’utilisation accrue des transports en commun ou du co-voiturage,
le choix de la rénovation plutôt que de la démolition/reconstruction notamment
sont des options qui réduisent les besoins énergétiques en lien avec des coûts
d’investissement moindres notamment dans les infrastructures énergétiques et le
dimensionnement des réseaux.
Néanmoins, un
débat politique et sociétal s’impose sur les orientations et les mesures à
privilégier, en particulier au niveau régional car les options qui devront être
prises pour faire face aux enjeux climatiques sont de véritables choix de
société susceptibles d’engendrer de réels bouleversements.
La transition
énergétique ne doit en aucun cas reposer sur les plus fragiles qui n’ont pas
les moyens de réaliser les investissements nécessaires individuellement et qui
se verraient pénalisés par des coûts énergétiques croissants ou par une
marginalisation liée au non-accès à la mobilité électriques ou à de nouvelles
normes sociales auxquelles ils ne seraient pas en mesure de s’adapter.
A côté des
investissements proprement dits, la règlementation doit évoluer afin
d’encourager la sobriété au niveau de l’aménagement du territoire, de
promouvoir le transfert modal ou encore de définir un cadre favorable à
l’économie circulaire pour ne citer que quelques exemples.
Fort
heureusement, la sobriété dans ce domaine peut aller de pair avec une plus
grande justice sociale aussi bien au niveau de la rénovation du bâti que de la
mobilité.
Un point
essentiel est évidemment celui de l’emploi. Toutes ces évolutions vont
engendrer des transformations en termes d’emplois et de compétences entre les
secteurs et à l’intérieur des secteurs dont il convient pour les pouvoirs
publics de s’emparer activement.
Enfin se pose la
question des modes de financement qui, elle aussi, est liée à celle de la
justice sociale. L’étude envisage quatre modèles : les aides à l’investissement,
les prises de participations et prêts, les partenariats publics-privés et la
régulation d’infrastructures financée par des capitaux privés tout en gardant à
l’esprit que le développement des transports en commun ou des réseaux
énergétiques requièrent une planification stratégique des pouvoirs publics mais
aussi que nombre de ménages n’ont pas accès aux financements privés et ont
besoin de l’aide directe des pouvoirs publics pour être en mesure de participer
à la transition.