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Les travailleurs·euses sont en première ligne face aux changements climatiques

Les travailleurs·euses sont en première ligne face aux changements climatiques

Les changements climatiques provoquent des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes partout le monde, comme en atteste l’augmentation en fréquence et en sévérité des vagues de chaleur, inondations, feux de forêts, sécheresses, ouragans.

Publié le 10/04/2025
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La base de données internationale sur les catastrophes EM-DAT a recensé plus de 12 000 phénomènes météo extrêmes dans le monde entre 1980 et 2023, dont les deux tiers environ au cours du 21ème siècle. Les inondations (5 474 événements recensés), les tempêtes (3 977) et les sècheresses (1078) constituent la plus grande part des catastrophes naturelles sur la période étudiée.

Les vagues de chaleur représentent la plus grande menace sanitaire directe liée au climat à laquelle la population européenne est confrontée mais n’est pas la seule.

L’Italie, la Grèce et l’Espagne figurent parmi les pays les plus touchés mais la Belgique n’est pas épargnée. Les inondations de 2021 ont coûté la vie à pas moins de 39 personnes en Wallonie et ont impactés 100 000 habitants. Le montant des dommages a dépassé les 2,5 milliards d'euros.

Cette situation a d’importantes répercussions sur la sécurité et la santé des travailleurs, qui sont souvent exposés aux risques pendant des périodes plus longues et à des intensités plus élevées du fait de leur activité professionnelle que la population générale, selon l’OIT (Organisation Internationale du Travail).

Les risques sanitaires liés au changement climatique sont nombreux et potentiellement graves : accidents, cancers de la peau, maladies cardiovasculaires et respiratoires, insuffisance rénale, problèmes de santé mentale, …

Les implications financières sont également considérables, en raison de la perte de productivité, des interruptions d'activité et des dommages aux infrastructures.[1]

Face à ces nouveaux risques pour la santé des travailleurs, la législation sur la santé et la sécurité au travail doit évoluer.

De nombreux pays ont développé des règlementations notamment par rapport aux conditions de chaleur et de froid en milieu de travail. La législation contient principalement des limites de température maximales et des mesures de précautions à mettre en œuvre sur le lieu de travail.

Quelques exemples :

En Belgique, les températures maximales de l’air, fixées à partir de l’indice WBGT[2], sont de 29° C pour un travail physique léger, 26° C pour un travail moyen à lourd, 22° C pour un travail lourd et 18° C pour un travail très lourd.[3]

Le Code du bien-être au travail contient plusieurs dispositions liées au rayonnement UV solaire. Par exemple, des équipements de protection individuels doivent être fournis pour protéger la peau des travailleurs exposés, notamment des produits dermatologiques, des couvre-chefs, des lunettes et des gants.

Plusieurs directives européennes contiennent des dispositions liées à la protection des travailleurs lors de phénomènes météorologiques extrêmes. Par exemple, la directive 2009/104/EC sur l’utilisation d’équipements de travail précise que les travaux temporaires en hauteur ne peuvent être effectués que lorsque les conditions météorologiques ne compromettent pas la sécurité et la santé des travailleurs et que des mesures de sécurité devraient être mises en œuvre en cas de changement des conditions météorologiques qui pourrait être préjudiciable à l’échafaudage concerné.

La directive 89/656/EEC sur l’utilisation d’équipements de protection individuels prévoit le port de vêtements de protection contre les intempéries pour les travaux à l’air libre par temps de pluie ou temps froid, et la directive 89/654/EEC sur les prescriptions pour les lieux de travail prévoit que si des travailleurs sont employés à des postes de travail extérieurs, ces derniers doivent être, dans la mesure du possible, aménagés de telle façon que les travailleurs soient protégés contre les influences atmosphériques et, si nécessaire, contre la chute d’objets.

Source : Assurer la sécurité et la santé au travail à l’heure du changement climatique, Genève : Bureau international du Travail, 2024.

L’essor des technologies vertes s’accompagne également de nouvelles problématiques en matière de santé et de sécurité au travail. Par exemple, les batteries au lithium contiennent des substances chimiques toxiques, dangereuses pour la santé des travailleurs. Les installations solaires présentent des risques électriques durant l'installation ou la désinstallation, le raccordement et la maintenance. 

Par la force des choses, les autorités se saisissent donc de ces questions de manière croissante. Mais en Espagne, nous avons récemment assisté à une innovation en matière de droit du travail. A la suite de la catastrophe qui a touché la région de Valence en octobre 2024 et au risque de reproduction d’épisodes de ce type ou d’autre événements climatiques dans le futur, le Gouvernement espagnol a mis en place un congé payé climatique.

C’est ainsi qu’en cas d’alerte officielle délivrée par une autorité publique, les travailleurs auront droit à quatre jours de congé indemnisés par l’Etat. Cette disposition a été prise car pendant les inondations, plusieurs entreprises avaient obligé leurs personnel à se rendre au travail malgré l’alerte émise par l’agence météorologique nationale.

La législation n’est cependant pas le seul levier d’action afin de prévenir les risques liés aux changements climatiques pour les travailleurs. La concertation sociale tant au niveau des gouvernements qu’à celui des entreprises est fondamentale. Ce sont les travailleurs qui connaissent le mieux leurs conditions de travail et les problèmes auxquels ils sont exposés et des conventions collectives peuvent être négociées qui prennent en compte les spécificités des différents secteurs.

Par ailleurs, la mise en œuvre de ces accords n’est rien sans la formation et la sensibilisation aux mesures de protection nécessaires et au contrôle de leur bonne application.

Nous entrons dans une nouvelles ère où il devient plus que jamais nécessaire de changer de paradigme face à l’imprévisibilité des conditions naturelles et macroéconomiques pour assurer la résilience des travailleurs et des citoyens. Il est donc crucial de s’y préparer aussi au niveau syndical.

 



 

 

[2] L’indice WBGT (Wet Bulb Globe Temperature) permet de déterminer si une personne est capable de travailler dans une ambiance donnée sur une durée de 8 heures.

[3] Arrêté royal du 4 juin 2012 relatif aux ambiances thermiques, section 2.1.

 

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