Cette évolution, tout compte fait récente, a eu lieu, en raison de la
diminution des coûts de fabrication des objets fabriqués industriellement et
donc de leur valeur, ainsi que de l’offre énergétique de pétrole abondant et
bon marché.
Auparavant, il coûtait moins cher d’entretenir un objet ou de le réutiliser
pour d’autres usages que de le remplacer. Les objets actuels sont également
moins solides, rapidement obsolètes sur le plan technologique ou démodés.
Les principes de l’économie circulaire – réduire, réutiliser et recycler –
régissaient traditionnellement l’utilisation des objets et matériaux.
Aujourd’hui cependant, le modèle linéaire est dans l’impasse, confronté aux
limites que représentent l’atteinte des objectifs climatiques, l’érosion sans
précédent de la biodiversité et l’augmentation du coût des matières premières
de plus en plus difficiles à extraire.
À titre d’illustration, la date du jour de dépassement (consommation
annuelle de l’humanité en ressources écologiques (Empreinte Ecologique)
comparée à la capacité de régénération de la Terre (biocapacité)) ne cesse de
se rapprocher pour atteindre le 23 mars 2024 en Belgique, contre le 1er
août à l’échelle mondiale.
Plus concrètement, la transition énergétique et le développement de l’IA au
centre des politiques actuelles sont menacés par l’épuisement d’un nombre
important de ressources minérales et métalliques indispensables.
Qui plus est, l’économie linéaire se heurte à la fragilité des chaînes
d’approvisionnement dans un contexte géopolitique instable.
Pour preuve, la politique agressive des grandes puissances pour tenter de faire
main basse sur les ressources en terres rares et en minerais dans différentes
parties du monde.
Le cours du cuivre, par exemple, indispensable aux voitures électriques,
aux data centers ou encore à la production d’énergie renouvelable, a atteint le
record historique de 11 100 dollars la tonne, le 20 mai 2024 à la bourse de New
York.
Il en résulte que pour réussir la transition vers un monde bas carbone, la
technologie ne suffira pas. Il faudra se tourner vers de nouveaux modèles de
production et de consommation, dont l’économie circulaire représente un élément
essentiel.
Le développement de l’économie circulaire offre par ailleurs de nombreux
avantages dans le cadre d’une transition socialement juste. La
réindustrialisation qu’elle induirait en Europe permettrait non seulement de
regagner une indépendance en termes d’approvisionnement en matières premières stratégique,
mais aussi de créer des emplois non-délocalisables du fait de l’interdépendance
des acteurs économiques actifs tout au long des chaînes de valeur.
Le schéma suivant réalisé par l’Agence française de la transition
écologique (ADEME) synthétise le fonctionnement de la circularité où les ressources
sont maintenues dans le circuit économique le plus longtemps possible via l’éco-conception,
la réparation, le réemploi, la refabrication, le recyclage ou en bout de course
la valorisation énergétique pour ce qui est des biodéchets.
Il montre également que l’adoption du modèle circulaire passe aussi par de
nouveaux modèles d’affaires tels que l’économie de la fonctionnalité basée sur
la vente de l’usage d’un bien, plutôt que du bien lui-même. C’est le cas de
Michelin qui, en 2015, est passé de la vente de pneus à la vente de kilomètres
et d’une performance.
Le client ne paie plus ainsi que quand il roule et le client est soulagé de tout le travail de gestion de ses pneumatiques : surveillance d’usure des pneus, rechapage, conformité réglementaire, conduite supervisée, etc.
La Wallonie aussi investit dans l’économie circulaire. La Stratégie de déploiement de l’économie circulaire adoptée en 2021 s'est assignée des objectifs ambitieux en matière de réduction et prévention des déchets parmi lesquels :
Les
conventions et communautés carbone, dont l’objectif est de mutualiser les
efforts entrepris par les entreprises pour maximiser les résultats en termes
d’efficacité énergétique, réduction des émissions de CO2 et accroissement
des énergies renouvelables, devront s’appuyer sur des démarches d’économie
circulaire pour réaliser les ambitions qui leurs sont assignées, ainsi que sur
des sauts technologiques.
Selon le
rapport publié par la Fondation Roi Baudouin en 2019, 56 000 emplois étaient
circulaires (6,8 % du nombre total d’emplois) en Wallonie.
Le rapport de la mise en œuvre de la Stratégie
Circular Wallonia (2024) ne reprend pas les chiffres de l’emploi parmi ses
indicateurs-clés. Nous ne disposons donc pas de données permettant de savoir si
20 % des emplois wallons relèvent désormais, directement ou indirectement à
l’économie circulaire conformément aux objectifs de la Stratégie.
Néanmoins, les représentants des travailleurs
siégeant au conseil d’entreprise (CE) et au comité pour la prévention et la
protection au travail (CPPT) des entreprises en convention carbone devront être
informés de l’impact potentiel sur l’emploi, la formation et les besoins de
reconversion des travailleurs pour ces investissements mis en œuvre.
Il s’agit
d’une occasion à ne pas manquer afin de mettre notamment en évidence l’impact
des projets d’économie circulaire sur la création d’emplois durables et de
qualité.