Les changements climatiques ne sont pas le seul danger qui menace l’humanité. La destruction de la biodiversité représente peut-être une menace plus grave encore, à tel point que les scientifiques parlent depuis plusieurs années de la 6e extinction de masse, la dernière mettait fin au règne des dinosaures.
Le nombre d’espèces animales et végétales connues et inventoriée s’élèvent à environ deux millions. Leur nombre total pourrait en réalité atteindre 80 millions.
Cependant, les scientifiques estiment que d’ici 20 ans, plus de 500 espèces animales auront disparu, soit autant que durant la totalité du XXe siècle et 32 % des espèces de vertébrés voient aujourd’hui leur population décliner. Globalement, un demi-million à un million d'espèces seraient menacées, dont beaucoup dans les prochaines décennies.
Le rôle joué par la biodiversité est souvent sous-estimé. En réalité, l’humanité, et en particulier l’activité économique et donc l’emploi, est complètement dépendante du fonctionnement des écosystèmes, que ce soit pour la production alimentaire, la fabrication des médicaments et des cosmétiques, les fibres textiles, le bois, le contrôle des maladies, la régulation du climat, la prévention des inondations, l’épuration des eaux, le traitement des déchets mais aussi la culture, le tourisme, etc.
L’insécurité alimentaire, la hausse de la pauvreté, le déclin du bien-être et les pertes d’emplois sont des conséquences potentielles directes des modifications des écosystèmes, des pénuries d’eau, de la désertification et du recul de la biodiversité.
Les principales causes de la destruction de la biodiversité sont la modification des habitats (déforestation, urbanisation, exploitation minière et pétrolière, …), la surexploitation des ressources (pêche, chasse, …), la pollution (air, eaux, sols), les changements climatiques qui modifient les caractéristiques de l’environnement et la prolifération des espèces envahissantes liée aux échanges internationaux.
En ce qui concerne la Belgique, 76 % de son empreinte écologique est liée à ses importations et affecte la biodiversité d’autres territoires et régions du monde.
Notre modèle économique linéaire (exploitation des ressources – consommation – destruction) et interdépendant, non seulement, impacte gravement la biodiversité mais est également extrêmement vulnérable face à tout événement majeur et inattendu qui peut créer des pénuries d’approvisionnement, des hausses de prix, des ruptures de chaînes de valeur et aussi se propager par effet de domino à la planète entière. La crise sanitaire qui sévit depuis fin 2019 en constitue une représentation exemplaire.
En 2020, le PIB de la Belgique s’est contracté de 6,3 %, soit la plus importante récession depuis la seconde guerre mondiale. Parmi les secteurs les plus impactés directement par les mesures de gestion de la crise figurent la vente au détail non alimentaire, les professions de contact non médicales, les agences de voyages, le transport routier et aérien, la restauration, le secteur des arts, du spectacle et des services récréatifs. Néanmoins, d’autres secteurs ont été également touchés en raison de ruptures de stock, de baisse de la consommation et d’investissement (produits informatiques, meubles, construction commerce de gros, …).
La Belgique est d’autant plus vulnérable que son économie est fortement intégrée dans les chaînes de valeur mondiale et européennes, bien que ses principaux partenaires commerciaux soient l’Allemagne, la France et les Pays-Bas.
La prise de conscience de cette fragilité systémique a conduit à l’adoption d’initiatives politiques.
En 2020, la Commission européenne a adopté la Stratégie européenne de la biodiversité à l’horizon 2030 qui a pour ambition de positionner l’Europe comme acteur moteur dans la lutte contre la crise mondiale de la biodiversité. Elle vise notamment à la promotion de l’agriculture biologique, à la réduction de 50 % de l’utilisation des pesticides et à la suppression de l’utilisation des pesticides chimiques dans les zones sensibles, l’inversion du déclin des pollinisateurs. Ce document s’inscrit dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe et de la stratégie « De la ferme à la table ».
Sur le plan syndical, nous estimons qu’il est fondamental de protéger la biodiversité, tout autant que le climat, afin d’accroître la résilience de l’économie et de protéger les emplois à terme.
En vue de la réalisation de cet objectif, de nombreux outils et réforme peuvent être développées tels que :
- le passage de l’économie linéaire à l’économie circulaire ;
- l’intégration des clauses sociales et environnementales dans les marchés publics ;
- le développement de l’agroécologie ;
- l’accès de tous à une alimentation relevant d’un systèmes alimentaire durable ;
- la lutte contre le gaspillage alimentaire ;
- l’interdiction de l’obsolescence programmée ;
- la réalisation d’une étude indépendante sur l’impact de la 5G sur la biodiversité ;
- la formation des travailleurs et la sensibilisation des travailleurs et des citoyens ;
- le développement d’une approche réglementaire et notamment de normes telles que la norme AFNOR en France qui propose une méthodologie dans l’analyse des impacts des activités et chaîne de valeur sur la biodiversité. Des travaux sont également en cours au niveau international au niveau d’ISO (Organisation internationale de normalisation).
Nous réaffirmons par ailleurs qu’au-delà des mesures visant explicitement à protéger la biodiversité, un système social fort est un outil indispensable pour amortir les effets sociaux des crises comme celle que nous connaissons.