Vers une alimentation durable : recettes syndicales pour agir dans l'entreprise

Notre alimentation a un impact considérable sur l'environnement. Il est estimé qu'environ 1/3 de notre empreinte écologique est due à nos modes alimentaires. Notre nourriture moderne est à présent produite à grands renforts d'engrais, de pesticides et d'énergies fossiles, en plus de ne fournir qu'un apport nutritif de plus en plus faible. Elle est aussi fortement transformée par l'industrie agro-alimentaire et, mondialisation oblige, transportée à travers toute la planète. En moyenne, notre assiette parcourt ainsi 2 500 km. L'environnement est malmené par ces pratiques : déforestation, pollutions des eaux et des sols, diminution de la biodiversité, épuisement des ressources énergétiques, émissions de gaz à effet de serre et réchauffement climatique, etc.

Mais les impacts environnementaux sont loin d'être les seuls : nos habitudes alimentaires ont aussi des conséquences économiques, sociales et sanitaires tant au nord qu'au sud de la planète : au nord, revenus insuffisants et surendettement des agriculteurs, malbouffe, obésité, maladies dites de « civilisation » et au sud, entre autres, famines, malnutrition et perte de la souveraineté alimentaire. Elles soulèvent aussi de nombreuses questions éthiques : souffrance animale, gaspillages alimentaires versus pénuries alimentaires, cultures de céréales pour nourrir le bétail versus productions vivrières pour nourrir la population, etc.

Notre système alimentaire n'est tenable ni pour la planète ni pour ses habitants. Que peut-on poser comme autres choix pour inverser la tendance ? Ce dossier vise à faire le point sur les pratiques alimentaires que l'on peut adopter dans les entreprises pour soutenir un mode alimentaire plus durable. En effet, les entreprises, institutions publiques, collectivités, associations, etc. ont aussi un rôle à jouer : à travers les repas des cantines, les repas, sandwiches, boissons proposés lors des réunions ou d'événements mais aussi le café, l'eau, boissons et encas mis à disposition des travailleurs. Des exemples de plusieurs entreprises ayant déjà emprunté une voie durable viendront illustrer ce dossier et, nous l'espérons, vous convaincre de la faisabilité de telles pratiques.

Bonne lecture et bonne réflexion.

L'équipe RISE

Sommaire

  1. Alimentation durable : enjeux et définitions
  2. Que faire syndicalement sur ces questions ?
  3. Exemples pratiques
  4. Boîte à outils

1. Alimentation durable : enjeux et définitions

En quoi notre modèle alimentaire actuel pose-t-il problème ?

Notre modèle alimentaire a fortement évolué depuis la révolution verte des années 50: agriculture productiviste, industrialisation et mondialisation ont contribué à modifier radicalement le contenu de notre assiette. Elle est à présent composée de produits transformés par l'industrie agro-alimentaire, transportés sur des milliers de kilomètres et fabriqués à grand renfort d'énergie. Elle est aussi beaucoup plus chargée en produits animaux (viandes et produits laitiers) et trop riche en graisses et en sucres rapides. Si nous consommons plus de fruits et de légumes de nos jours, nous les consommons indépendamment de leur saison grâce aux importations et aux cultures en serre. Ces modes de production et de consommation ont des conséquences indéniables tant sur le plan de l'environnement, de la santé, qu'au niveau social et économique. Nous vous proposons d'en approfondir quelques-unes.

Souvent revient sur la table l’idée que nous serions trop nombreux sur terre et que l’agriculture intensive serait la seule solution pour permettre à chaque individu de manger à sa faim. Cela est totalement faux. Pourquoi ? Premièrement, si ce type d’agriculture est nécessaire pour pouvoir tous nous nourrir, pourquoi n’en est-elle alors pas capable, puisque l’on estime à 2 milliards de personnes en situation d’insécurité alimentaire (près d’un quart de la population mondiale) ? Ensuite, sachant que l’exploitation intensive conventionnelle appauvrit les sols, quelles seraient les perspectives d’avenir d’une culture sur des sols morts, d’ici quelques années ?

Par ailleurs, les conséquences climatiques de cet appauvrissement des sols risquent de rendre une grande surface de la terre invivable, avec les conséquences notamment migratoires qu’elles engendrent. Aussi, les grandes exploitations se développent souvent au détriment de plus petites, familiales, qui finissent par succomber en mettant en situation d’insécurité alimentaire les agriculteurs (qui représentent une part importante de la population mondiale).

Enfin, si nous produisons autant de maïs, de céréales ou de soja, c’est pour alimenter le bétail. On sait qu’aujourd’hui la production de viande accapare 78% des surfaces agricoles et est par ailleurs responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre. Toutes ces raisons portent à croire qu’un changement de nos modes de production agroalimentaire doit s'opérer si vous voulons permettre aux générations futures de jouir d’une alimentation saine.

  • Surexploitation des ressources

Le modèle alimentaire occidental actuel pèse trop lourd sur les ressources naturelles. Si l'on prend l'exemple des ressources halieutiques (le poisson), il est estimé que 70 % des stocks de poissons sont menacés en raison notamment de l'augmentation des consommations des pays riches, des techniques industrielles de pêche, de la pêche illicite, etc. Idem pour l'eau.

Par ailleurs, la Belgique dispose d’une loi fédérale visant la protection du milieu marin, mais malheureusement cette dernière n’est pas conforme à la législation européenne actuelle sur la nature. La mer du Nord en subit donc les conséquences, avec une perte toujours plus grave de la biodiversité qui pourtant nous fournit de l’oxygène, comme le font également nos forêts.

Selon les différents climats, il faut entre 15 500 et 250 000 litres d'eau pour produire 1 kg de viande de bœuf. Il faut 9 litres d'eau pour produire un litre de coca-cola.

  • Déforestation, destruction des milieux naturels et appauvrissement des sols

Les terres agricoles prennent le pas sur les forêts tropicales, pourtant essentielles pour le maintien de la biodiversité, puisqu’elles captent le CO2 et abritent une faune et une flore excessivement riche et nécessaire. Ces terres sont le plus souvent consacrées à la culture de soja destiné à nourrir le bétail européen. De manière générale, l'exploitation intensive des sols les appauvrit. Ils doivent alors être fertilisés artificiellement, ce qui cause une dégradation de leur qualité. La conséquence majeure de cela est l’érosion des sols: la terre ne peut plus retenir les eaux, qui ruissellent et provoquent des inondations, glissements de terrains, sécheresse, pollution des nappes phréatiques, etc.

Aujourd’hui, au Brésil, la forêt amazonienne aurait atteint son point de basculement, émettant plus de carbone que ce qu’elle est capable de capter.

En Amazonie, depuis 1975, la surface défrichée pour planter du soja et créer des pâturages équivaut à la superficie de la France et du Portugal.

  • Pollution des sols et des eaux

Le développement d'une agriculture intensive va de pair avec l'usage intensif d'engrais chimiques et de produits phytosanitaires. Ces substances se retrouvent dans les sols et contaminent les eaux de surface et souterraines. L'élevage est la plus grande source sectorielle de pollution de l'eau (déjections, antibiotiques, hormones, engrais et pesticides pour le fourrage, etc.).

La France, les Pays-Bas et la Belgique sont les plus gros consommateurs européens de pesticides par hectare cultivé (1). En France, 93 % des points surveillés dans les cours d'eau et 63 % des points suivis en eaux souterraines sont contaminés par des pesticides (2).

Selon étude lancée par l’Initiative citoyenne européenne (ICE), « Sauvons les abeilles et les agriculteurs », qui visait à analyser la poussière que l’on retrouve dans les chambres à coucher des habitations en milieu rural, la Belgique se retrouve être le plus mauvais élève. En effet, 23 résidus de pesticides ont été trouvés sur les 30 testés. (Source : Le Soir, « La Belgique, «championne d’Europe» de la présence de pesticides dans les chambres à coucher »).

 

  • Perte de biodiversité

Les pratiques agricoles intensives engendrent la destruction des habitats à travers le monde : déforestation, désertification, modification des paysages, etc. Les techniques industrielles de pêche provoquent aussi d'importants dégâts à la faune marine : 1/3 des captures de pêche sont rejetées, engendrant de lourdes pertes parmi les animaux (cétacés, dauphins, tortues de mer, poissons ne correspondant pas aux espèces ciblées, etc.).

Une autre forme de perte de biodiversité trouve sa source dans les sélections opérées pour les besoins de l'agriculture intensive et de l'industrie agro-alimentaire. Les variétés animales et végétales sont choisies pour des raisons de rendement, de croissance rapide, de conservation et de résistance aux transports et manutentions.

La FAO (Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation  et l’agriculture) estime que 75 % des variétés cultivées autrefois ont été éliminées en moins de 100 ans.

  • Consommation d'énergie et émissions de gaz à effet de serre (GES)

La production des aliments nécessite une grande quantité d'énergie fossile à tous les stades : production par une agriculture intensive (engrais, pesticides, machines), en toute saison (en serre ou en serre chauffée ou de provenance lointaine), traitements, stockage, transformation par les industries agro-alimentaires, emballage, transports (vers les centrales d'achat, puis les lieux de vente, puis déplacement des consommateurs), conservation (frigos, surgélateurs) et préparation. Au final, un tiers des émissions de GES dans le monde sont liées à la production, la transformation, le transport et la conservation des aliments (3). Le constat est là : nous dépendons du pétrole pour manger.

Notre système alimentaire industrialisé consomme 10 calories fossiles pour produire 1 calorie alimentaire. Pour des aliments très transformés, une pizza surgelée par exemple, le processus de transformation va nécessiter jusqu'à 40 calories fossiles pour produire une seule calorie alimentaire (4).

Effet de serre

  • Les déchets

Autre facette cachée de notre système alimentaire : les déchets. Le gaspillage alimentaire est présent à tous les stades : tant lors de la production que de la distribution et de la consommation (54 % au niveau de la production et 46 % au niveau de la distribution et de la consommation selon la FAO (5)).

Chaque année, on gaspille de par le monde 1,3 milliard de tonnes de nourriture (soit 1/3 de la production mondiale) (6).

L'emballage voire le suremballage de nos denrées engendre une montagne de déchets.

En Europe, chaque habitant génère tous les ans 160 kg de déchets d'emballage dont 2/3 sont des emballages alimentaires (7).

 

  • Diminution du nombre d'agriculteurs

Chaque année en Belgique, des centaines d'exploitations agricoles disparaissent. Les agriculteurs font face à des multiples problèmes : endettement pour réaliser les lourds investissements nécessaires à l'agriculture intensive (machines de pointe, ordinateurs mais aussi engrais, pesticides, semences, etc.), normes d'hygiène de plus en plus strictes et surtout baisse de leurs revenus. Depuis 30 ans, les prix agricoles ont baissé de 40 % alors que les prix sont restés stables pour le consommateur final. Les grandes multinationales agro-alimentaires, les centrales d'achats regroupant de grandes enseignes du commerce de détail alimentaire, les supermarchés tirant profit de leur situation dominante, font pression sur les agriculteurs poussant les prix toujours plus bas.

En Europe, une ferme familiale disparaît toutes les 30 secondes (8).

Aujourd’hui, la PAC (Politique Agricole Commune) offre la possibilité aux agriculteurs européens de bénéficier de subsides s’ils répondent à certains critères en matière de pratiques « durables ». En général, seules les grandes exploitations ont les moyens financiers de s’aligner à ces normes et donc de bénéficier de ces subsides européens. Actuellement environ 20% des bénéficiaires reçoivent 80% des aides. (Source : Réforme de la PAC : sauvons les pots cassés. CNCD).

  • Famine et malnutrition

Au niveau mondial, 850 millions d'êtres humains sont gravement sous-alimentés, 2 milliards souffrent de carences et donc de malnutrition et 3 milliards de pauvres se privent plus ou moins de nourriture (principalement de petits paysans). Pourtant, la production planétaire de nourriture est suffisante pour nourrir 12 milliards d'êtres humains (2004, World Food Report) alors que nous sommes actuellement 7,2 milliards sur terre. Ce n'est donc pas la quantité qui est en cause, mais bien la répartition inéquitable des denrées et la pauvreté des populations du sud.

Le bétail accapare 60 % de la production de céréales (670 millions de tonnes).

  • Obésité, maladies cardio-vasculaires et malbouffe

Pénuries et famines au sud et surconsommation, gaspillage et malbouffe au nord. Le paysage alimentaire mondial frappe par ses contrastes indécents. Chez nous, l'alimentation industrielle est incriminée dans le développement exponentiel de certaines maladies dites de civilisation : cancers, diabète, maladies cardio-vasculaires et surtout obésité.

Selon l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), l'obésité dans le monde a atteint des proportions épidémiques avec plus de 1,4 milliard d'adultes en surpoids et 500 millions de personnes obèses. Socialement, ce sont les populations les plus défavorisées qui en souffrent le plus.

  • Diminution de la fertilité, cancers et maladies neurologiques

L'agriculture intensive fait la part belle à l'utilisation de substances chimiques. Les produits phytosanitaires contaminent l'environnement, la chaîne alimentaire et in fine, nos corps. Ils sont incriminés dans le déclin de la fertilité humaine, le développement de cancers et de maladies neuro-dégénératives comme la maladie de Parkinson, ou encore les maladies liées à la thyroïde. A l’heure actuelle, l’utilisation de glyphosate, intrant phare utilisé dans nos cultures, à été prolongée jusqu’à fin 2022. Les études sur les conséquences de ces produits sont bien souvent financées par les firmes qui produisent ces intrants chimiques et manquent donc de pertinence. De plus en plus de chercheurs se penchent sur la question pour tenter de démontrer la toxicité de ces produits sur l’être humain.

L’ISSeP (Institut scientifique de Service public) a présenté sa première étude sur la présence de pesticides dans le sang et l’urine des Wallons (nouveau-nés, adolescents et adultes). Les résultats sont assez inquiétants : le glyphosate était présent dans près d’un quart des échantillons d’urine, sachant que les prélèvements ont été réalisés dans la période de l’année durant laquelle les Wallons sont le moins exposés à cet herbicide (de novembre à mars). L’étude conclut que les pesticides utilisés actuellement sont largement présents dans notre corps et que les adolescents y sont plus exposés que les autres catégories de populations étudiées. Pour ce qui concerne les pesticides dits organochlorés, qui sont interdits depuis plusieurs dizaines d’années pour certains, 3 ont pu être quantifiés sur les 16 recherchés. Il est à noter que les niveaux d’exposition conclus dans cette étude sont globalement identiques à ceux d’autres pays européens. (Pour consulter l’étude, qui fait référence à d’autres substances, telles que le mercure, le plomb (présents dans le sang de l’ensemble des nouveau-nés), les bisphénols et d’autres, vous pouvez consulter cette page sur le site de l’ISSeP : https://www.issep.be/biomonitoring/)

Nous pouvons donc aisément nous inquiéter du sort des agriculteurs qui travaillent avec ces substances ou des personnes vivant aux abords des surfaces cultivées. 

Une étude lancée par l’Initiative citoyenne européenne (ICE), « Sauvons les abeilles et les agriculteurs », a révélé qu’un nombre important de résidus de pesticides ont été retrouvés dans les chambres à coucher des résidents ruraux européens. Au total, 21 pays ont été testés et 30 pesticides ont été analysés parmi les 450 pesticides autorisés dans l’Union. En moyenne, ces échantillons étaient contaminés par 8 pesticides, mais la Belgique détient le record de contaminations avec 23 résidus de pesticides.

Alimentation durable : définitions

Vous l'aurez compris, aujourd'hui, manger est loin d'être un acte anodin pour la planète et ses habitants. Nos choix de consommation façonnent notre modèle de société. Nous serons 9.7 milliards en 2050 et allons vers les 11 milliards d’ici la fin du siècle. Comment nourrir la population mondiale sans encore accentuer les dérives actuelles ? Le concept d'alimentation durable vise à renverser la vapeur. Il désigne une alimentation qui respecte, dans une optique de développement durable, des critères environnementaux, sociaux et économiques.

Le Conseil Fédéral du Développement Durable, dont sont membres la FGTB et la CSC, propose sa propre définition d'un système alimentaire durable : « Un système alimentaire durable garantit le droit à l'alimentation, respecte le principe de la souveraineté alimentaire (10), permet à tous, partout dans le monde, de disposer d'une nourriture saine et suffisante à un prix accessible, et veille à ce que le prix final d'un produit reflète non seulement l'ensemble des coûts de production, mais qu'il internalise aussi tous les coûts externes sociaux et environnementaux. Il utilise les matières premières et les ressources (en ce compris le travail et les ressources naturelles telles que les sols, l'eau et la biodiversité) à leur niveau de restauration et respecte les différentes facettes de la culture alimentaire. Tous les acteurs de la chaîne alimentaire et les autorités doivent contribuer à réaliser un tel système alimentaire durable. »

La FAO (l'organisation de Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) utilise le concept de régimes alimentaires durables. Elle les définit comme « des régimes alimentaires ayant de faibles conséquences sur l'environnement, qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu'à une vie saine pour les générations présentes et futures. Les régimes alimentaires durables contribuent à protéger et à respecter la biodiversité et les écosystèmes, sont culturellement acceptables, économiquement équitables et accessibles, abordables, nutritionnellement sûrs et sains, et permettent d'optimiser les ressources naturelles et humaines ».

La FAO considère que l'agriculture bio, de même que l'agriculture paysanne, permettrait non seulement de satisfaire la demande alimentaire mondiale tout en répondant aux problèmes actuels appelés à s'aggraver dans les prochaines années : croissance démographique et de la consommation, dépendance aux énergies fossiles, pressions sur les ressources en eau, pertes d'emploi dans le secteur primaire, perte de biodiversité, etc.

Dix pistes pour une alimentation plus durable

Comment faire pour aller vers un mode alimentaire plus durable, respectueux de l'environnement, des hommes et de la biodiversité ? En pratique, l'alimentation durable va reposer sur plusieurs principes, que nous avons résumés ci-après en 10 pistes. En fonction des produits, il sera nécessaire d'arbitrer entre différents critères selon les possibilités (géographie, emballage, disponibilité, coût, temps disponible, etc.). Il sera parfois difficile de hiérarchiser les différents critères et il reviendra à chacun de les moduler du mieux possible en fonction des possibilités, des produits et surtout en fonction de nos priorités et de nos valeurs. Retenons toutefois qu'acheter un produit local sera toujours préférable à un produit fabriqué ou cultivé à des milliers de kilomètres : il vaut mieux consommer une pomme belge non bio plutôt qu'une pomme bio de Nouvelle-Zélande. Pour les produits exotiques, le choix sera plus facile à poser et passera par la sélection de produits issus du commerce équitable. Parfois aussi, il sera préférable de ne rien acheter quand il n'y a pas de solution durable.

  • Privilégier les produits locaux et de saison

Toutes sortes de produits sont actuellement disponibles toute l'année, indépendamment de leur saison. Le coût environnemental est énorme : importations de pays lointains, culture sous serres chauffées pour allonger les saisons. Par ailleurs, le goût de ces aliments est souvent décevant alors que leur prix est souvent élevé. Alors, soutenons nos agriculteurs ! Des calendriers des fruits et légumes de saisons sont disponibles sur la toile :

Fruits et légumes de saison
Calendrier des saisons
Test-achats : les fruits et légumes

  • Opter pour des produits frais et les moins transformés possibles (y compris les boissons)

Comme nous l'avons vu plus haut, les aliments industriels sont gourmands en énergie et en ressources naturelles. Ils sont aussi mauvais pour la santé. Le choix de produits simples, de saison et si possible issus d’une agriculture certifiée biologique garantissent une alimentation de meilleure qualité nutritionnelle et davantage de bénéfices pour la santé.

  • Réduire la consommation de protéines animales

En Belgique, nous consommons en moyenne 270 g de viande par jour alors que la quantité recommandée sur le plan nutritionnel est de 80 à 100 g (11). Au niveau mondial, la production de viande accapare 78 % des terres agricoles et est responsable de 18 % des émissions de gaz à effet de serre, davantage que le secteur des transports (12). Pensons aux alternatives végétales en associant légumineuses (lentilles, pois chiches, etc.) et céréales. Alternons-les avec des protéines animales en privilégiant les moins émissives en CO2.

  • Consommer des produits issus du commerce équitable

Pour les produits exotiques pour lesquels il n'existe pas d'alternative locale, choisissons des produits issus du commerce équitable (café, thé, chocolat, bananes, ananas, etc.). Ils garantissent un revenu décent et des conditions de travail correctes aux travailleurs du Sud. Au plan de l'environnement, les transports se font par bateau, moins émissifs en CO2 que le transport par avion. Les produits équitables sont repérables à leur logo. Un des plus fréquents est le label Fairtrade International de Max Havelaar.

Mais il en existe plusieurs autres. Retrouvez-les sur : https://www.labelinfo.be/fr et de manière encore plus complète, consultez le guide : https://www.commercequitable.org/wp-content/uploads/guide-label-2019-francais-web.pdf

Bannissons de nos menus les espèces menacées et choisissons des poissons labellisés (MSC pour les produits de la pêche et ASC pour les produits issus de l'aquaculture). Pour en trouver : http://www.msc.org/ou-acheter/recherche-produits et guide à emporter : https://fr.fishguide.be/

  • Privilégier les produits issus de l'agriculture biologique

L’agriculture biologique excluant la plupart des produits chimiques de synthèse et n’ayant pas recourt aux OGM, elle est une méthode de production agricole qui contribue à la sauvegarde de la biodiversité en protégeant les sols, fournissant des apports nutritifs corrects aux consommateurs, en plus de ne pas avoir d’impact négatif sur leur santé. 

Rappelons qu’acheter des produits biologiques venant de l’autre bout de la planète aura un impact environnemental plus élevé qu’un produit local non-biologique. L’idéal est donc de favoriser l’agriculture belge et biologique. 

Les produits issus de l'agriculture biologique emballés portent la mention « issu de l'agriculture biologique » et sont repérables par le logo européen de l'agriculture biologique (logo en forme de feuille sur fond vert). Ils peuvent également afficher d'autres logos comme le logo AB français (label public), le label bio-garantie (label privé belge) ou encore le label bio propres à certains distributeurs. 

Parfois, il n’est pas toujours possible de se fournir en produits biologiques pour diverses raisons. Pour cela, une alternative valable sur le plan environnemental et social est l’agriculture intégrée, qui mêle des modes de production conventionnel et biologique. 

En Belgique,1 ferme wallonne sur 7 est bio. En 10 ans, la surface agricole wallonne bio a été multiplié par 2. Pour ce qui concerne l’Union Européenne, entre 2014 et 2019, la surface agricole bio a augmenté de 40,5%.

Beaucoup de pesticides ont été interdits ces dernières décennies en Europe, mais cela n’empêche pas la Belgique à en produire et à les exporter vers d’autres pays hors UE, faisant de notre pays le plus grand exportateur de pesticides, notamment vers le Brésil.

Retrouvez-les labels certifiants une agriculture biologique sur : https://www.labelinfo.be/fr

Pour connaître la définition de l’agriculture ingérée, rendez-vous sur cette page : 

 https://dicoagroecologie.fr/encyclopedie/agriculture-integree/?highlight=agriculture%20int%C3%A9gr%C3%A9e

En savoir plus : https://developpementdurable.wallonie.be/sites/dd/files/2019-05/Referentiel_AD_WEB_compressed.pdf 

 

  • Soutenir les circuits courts

Acheter local, c'est bien mais privilégier les circuits courts permet en outre de soutenir l'emploi des agriculteurs et de leur assurer un revenu décent. C'est aussi acheter des produits souvent à un meilleur prix que dans les circuits de vente traditionnels et plus frais (fruits et légumes cueillis la veille par exemple), contenant davantage de nutriments. C'est aussi une bonne façon de limiter voire de supprimer les emballages. Acheter en circuit court revient à acheter directement chez le producteur (ou presque sans intermédiaire). Les canaux en circuits courts se sont multipliés ces dernières années : citons dans le désordre : vente chez le producteur, marchés, paniers bio, ruches (13) , groupements d'achats collectifs, groupes d'achat solidaire de l'agriculture paysanne,...

Paniers/GAC/GASAP : mode d'emploi

Paniers bio : en vogue depuis plusieurs années, les paniers de légumes/de fruits sont proposés par des agriculteurs ou un groupement d'agriculteurs une fois par semaine. Ils sont livrés dans un dépôt (un magasin, un particulier, une école, une entreprise) et doivent être commandés et payés d'une semaine à l'autre.

Groupement d'achat collectif : le GAC est une démarche collective rassemblant plusieurs personnes qui achètent ensemble directement sur commande chez un producteur (fruits et légumes, pain, viande, œufs, etc.).

Groupes d'achat solidaire de l'agriculture paysanne : les GASAP fonctionnent comme les GAC à la grosse différence qu'ils s'engagent à l'année par rapport au producteur, lui permettant ainsi une meilleure gestion de sa production et des revenus plus constants.

S'informer sur les différences : Gasap : synthese paniers bio

Trouver un groupement : http://www.groupesalimentaires.be/consommateurs/trouver-un-groupement/

La coordination de paysans et artisans de Belgique pour le circuit court :
http://www.saveurspaysannes.be et http://www.paysans-artisans.be

  • Réduire le gaspillage alimentaire

En Wallonie, chaque habitant gaspille entre 15 et 20 kg de denrées alimentaires par an (14). Pour limiter ce gâchis, on peut : établir des menus, faire ses courses plus régulièrement, en plus petites quantités, en les adaptant à la taille du ménage, dresser une liste de courses, résister aux promotions de produits en plus grandes quantités, vérifier les dates de péremption, accommoder les restes, etc.

La Région Wallonne a créé, en 2015, un plan de lutte contre le gaspillage alimentaire, qu’elle a baptisé le Plan REGAL 2015-2025. Ce dernier a abouti à mettre en place 17 actions organisées autour de 5 axes afin de réduire le gaspillage. Parmi ces actions, la Région wallonne s’engage notamment à devenir exemplaire en la matière, à développer son réseau de cantines durables, à créer une base de données sur le gaspillage, à comprendre les crises agricoles ou encore soutenir l’encadrement des agriculteurs. 

Nous vous invitons à consulter le lien ce dessous pour prendre connaissance des actions détaillées du plan REGAL: http://environnement.wallonie.be/regal/17ACTIONS-Brochure-presentation-REGAL2-0-V1.pdf  

 

  • Réduire les déchets d'emballage

On privilégiera les aliments pas ou peu emballés, en vrac, en grand conditionnement (1 plus grand pot au lieu de 4 petits), en emballages recyclables (biodégradables, consignés, en cartons ou réutilisables) et concentrés. Près de 45 % du tonnage des emballages mis sur le marché sont des emballages de boissons, majoritairement en plastique (15). Pensons aussi à consommer l'eau du robinet et à éviter les sodas, nocifs tant pour la santé que pour l'environnement.

Voici un lien utile vers des conseils et idées pour limiter ses déchets à la maison, à l’école, au bureau, ou encore au magasin: http://moinsdedechets.wallonie.be/fr

 

  • Consommer avec sobriété

En 1960, une épicerie proposait 2 000 produits différents alors que maintenant un supermarché en propose plus de 15 000 (16) ! Avons-nous vraiment besoin d'un tel choix de produits, disponibles en permanence ? A l'heure où une partie de la population mondiale a faim et où l'autre fait face à une épidémie d'obésité et au développement d'une multitude de maladies liées aux modes alimentaires, une partie de la solution ne résiderait-elle pas dans des choix de consommation plus simples et plus sobres ? En d'autres termes, consommer moins mais mieux.

Pour en savoir davantage sur les critères d'une alimentation durable: Alimentation Couv_2010_03_01.indd (wallonie.be)

Guide pratique cantine durable à destination des cantines et restaurants de collectivités: Guide pratique pour une cantine durable

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2. Que faire syndicalement sur ces questions ?

En pratique, que peut-on faire dans les entreprises ?

Les entreprises ont un rôle à jouer en matière de bonnes pratiques alimentaires à travers leur offre alimentaire. Beaucoup d'entreprises mettent en place une politique de développement durable ou définissent au moins une politique environnementale durable. Une politique alimentaire durable s'y intègrera logiquement.

Mais attention, la sensibilisation à l'alimentation durable et la modification d'habitudes bien ancrées dans l'entreprise ne doit pas correspondre à une « mise au régime » des travailleurs mais à un mieux-être. Une telle politique au sein de l'entreprise ne peut pas non plus servir de prétexte à l'employeur pour appliquer des recettes d'austérité en restreignant le bien-être des travailleurs.

Comment amener des pratiques alimentaires durables dans l'entreprise à partir du travail syndical ? Comme toujours, le type d'action syndicale dépendra de beaucoup de facteurs : intérêt des équipes syndicales sur le sujet, qualité de la concertation sociale dans l'entreprise, situation économique et financière de l'entreprise, intérêt du patron, des travailleurs, etc. Voici plusieurs propositions pour débuter votre action sur le thème de l'alimentation. A l'exception de la première, qui sera le plus souvent un passage obligé, elles ne sont pas présentées dans un ordre particulier. C'est en fonction des objectifs syndicaux et des possibilités propres votre l'entreprise que ces propositions se révèleront adéquates, ou non.

Sensibiliser

La première étape consiste sans doute à mesurer l'intérêt des différents acteurs sur le sujet : équipes syndicales, travailleurs, direction,... De prime abord, ces différents interlocuteurs pourraient se demander pourquoi des syndicats se saisissent d'un thème comme l'alimentation, thème qui peut à première vue paraître bien éloigné des préoccupations syndicales plus traditionnelles. Il sera sans doute nécessaire de sensibiliser les différents interlocuteurs afin de bénéficier de leur soutien dans le développement de vos actions. Le point 1 de ce dossier pourra vous guider dans l'explication des enjeux et de leur lien avec le travail syndical. Les canevas d'affiche (voir point 4) peuvent aussi servir à interpeller les travailleurs et à lancer un débat.

Créer un groupe de travail

Rassembler des personnes intéressées par la thématique peut être une bonne façon de démarrer un projet. Il peut réunir des syndicalistes, des travailleurs, des personnes clés par rapport à la thématique (responsable des achats, responsable de la cantine par exemple), le conseiller en prévention, etc. L'alimentation est un sujet sensible pour beaucoup de personnes : il touche à des questions culturelles, religieuses, d'éducation, à des habitudes et des préférences parfois ancrées profondément. Dépasser les résistances et opérer des changements est un travail de longue haleine, qui devra se faire avec patience et doigté. Travailler à plusieurs sera d'autant plus judicieux dans un contexte pouvant se révéler sensible.

Faire un état des lieux

C'est toujours une bonne idée de savoir d'où on part avant de fixer où l'on veut arriver. L'état des lieux peut se centrer sur l'offre alimentaire au sein de l'entreprise : cantine, distributeurs à boisson ou à snacks, pauses-café, repas lors de réunions, etc. La question de la gestion des déchets liés à cette consommation alimentaire (gobelets, cannettes, déchets organiques, tout venant...) sera importante à traiter. Il conviendra d'être attentif aux contrats qui devront être modifiés pour aller vers plus de durabilité et à leurs dates d'échéance.

L'état des lieux peut comprendre une enquête auprès des travailleurs afin de connaître leurs desiderata en matière d'alimentation. Un écart trop important entre les souhaits des travailleurs et les objectifs que l'on voudrait fixer peut conduire à un échec. Il conviendra alors de fixer des objectifs réalistes et d'introduire des changements de manière plus graduelle, par étapes.

Mettre en place un projet d'alimentation durable dans l'entreprise

  • Un projet qui n’attend que vous

La Région wallonne soutient un projet porté par la Cellule Manger demain. Ce projet vise à accompagner de A à Z les cantines wallonnes dans leur transition vers une alimentation plus durable : les cantines, une fois inscrites dans le processus, ont l’occasion de faire le point sur leur manière de s’approvisionner et reçoivent des conseils et un suivi précieux et approprié. Au terme de cet accompagnement, elles reçoivent un label en fonction de leur degré de durabilité acquis lors du programme.

En juillet 2021, le Gouvernement Wallon a décidé de poursuivre cet accompagnement via le plan de relance et ce jusqu’en 2024. Il est donc encore temps de se questionner sur ce qui vous est servi sur le lieu de travail et d’inscrire votre cantine dans le processus.

Pour s’inscrire, c’est très simple : il suffit de se rendre sur le site de la cellule Manger Demain (https://www.mangerdemain.be/processus-cantines/) et de compléter le formulaire d’inscription. La cellule se charge alors de vous recontacter pour démarrer l’aventure.

  • Autres propositions pour une cantine plus durable

    • Réduire les grammages de viande et de poisson, réduire l'utilisation des viandes les plus émissives de GES.
    • Travailler uniquement avec des produits de saison.
    • Proposer un plat durable dans les menus.
    • Introduire une journée sans viande : ne pas manger de viande une fois par semaine revient à économiser 170 kg de CO2 par personne et par an, ce qui équivaut à ne pas utiliser de lave-vaisselle, de lave-linge, de congélateur, de réfrigérateur, de hi-fi et de télévision (17) : http://jeudiveggie.be/ et http://unjoursansviande.be/
    • Proposer du poisson issu d'une pêche durable.
    • Proposer des produits équitables pour les produits exotiques : http://fairtradeatwork.be/fr
    • Etablir une collaboration étroite avec un ou des producteurs locaux, bio ou non.
    • Proposer un plat bio voire passer au tout bio.
    • Revoir les cahiers des charges avec les fournisseurs pour limiter les déchets, les distances d'approvisionnement, etc.
    • Intégrer des critères durables dans le cahier des charges du prestataire si la cantine est en sous-traitance : voir notre campagne cahier des charges durables : https://www.rise.be/les-dossiers-de-la-transition/le-cahier-des-charges-durable.htm?lng=fr

Se documenter sur les cantines durables

Trouver des fournisseurs

  • Propositions pour des boissons durables

Pour le café et le thé : les choisir équitables avant tout, bio si possible. A accompagner d'un lait local bio et d'un sucre d'origine locale (betterave) ou équitable (canne non raffinée) de préférence bio.

Pour l'eau : privilégier les fontaines d'eau à raccorder au réseau de distribution.

Pour les jus de fruits : privilégier les produits locaux, issus de l'agriculture biologique si possible. Si des jus de fruits exotiques sont incontournables, alors les choisir équitables.

Pour les sodas : s'ils sont indispensables, les choisir locaux voire équitables, de préférence bio.

Pour limiter les déchets, évitons le jetable. On privilégiera l'utilisation de tasses et verres lavables. La plupart des distributeurs de boissons chaudes peuvent être réglés de manière à insérer une tasse. Si possible, pour les jus et sodas, évitons les cannettes et bouteilles individuelles en plastique et proposons à la place l'utilisation de grandes bouteilles en verre mises à disposition de tous.

  • Propositions pour des snacks

Si possible, introduire des propositions de snacks plus durables : comme les fruits locaux, des yaourts artisanaux et locaux, des fruits secs, des barres de céréales. Le tout si possible d'origine locale et bio.

Ces snacks plus durables peuvent également être placés dans un distributeur. Une corbeille de fruits peut aussi être mise à disposition des travailleurs. C'est une pratique de plus en plus courante dans les entreprises.

  • Propositions pour des sandwiches durables

A la place de la traditionnelle baguette blanche industrielle au jambon reconstitué et à la mayonnaise riche en graisses trans (18), il existe des alternatives plus durables : pains artisanaux, complets, bio, fromages et charcuteries locales et artisanales, pâtés végétariens, légumes de saison grillés ou en crudités. Une présentation sur un plateau permettra d'éviter les emballages individuels. En hiver, une soupe de saison sera la bienvenue et permettra de réduire la quantité de sandwiches. A servir de préférence dans de vrais bols.

Pour éviter le gaspillage : demandez la confirmation des présences et calculez au plus juste par rapport au nombre de personnes confirmées, il y a toujours des absents. Si malgré ces précautions, il y a des restes, invitez vos collègues à profiter des surplus et les participants à emporter une collation.

  • Organiser un GASAP dans l'entreprise

Certaines entreprises permettent la livraison de paniers bio dans leurs locaux. Certaines ont fait un pas de plus en mettant sur pied un GASAP (voir encadré ci-avant).

Trouver un groupement :
http://www.groupesalimentaires.be/consommateurs/trouver-un-groupement/

  • Organiser des actions de sensibilisation

Une multitude de possibilités existent pour sensibiliser autrement : organisation de petits déjeuners Oxfam, projection d'un film sur l'alimentation durable (il en existe de nombreux, contactez-nous pour des références), organisation d'un débat, d'un cours de cuisine durable, témoignage d'un agriculteur, etc.

  • Proposer la création d'un potager collectif, d'un compost, etc.

Dans certaines entreprises, les actions sur l'alimentation prennent un tour très concret : des entreprises mettent à disposition des travailleurs des parcelles de terrain pour cultiver un potager ou planter un verger. Des travailleurs s'organisent pour composter des déchets organiques et récolter un terreau de qualité pour le potager collectif ou pour un usage individuel. C'est joindre l'utile à l'agréable... en toute convivialité.

Comment agir en CE, CPPT et en DS ?

Comme dans beaucoup de domaines, les trois instances permettront d'aborder différents aspects de la thématique.
En CE, vous pourrez notamment aborder les questions suivantes :

  • l'aspect coût : quels sont les coûts liés à l'exploitation du restaurant d'entreprise ? Combien coûte le traitement des déchets organiques de l'entreprise ? Pour quelles quantités de déchets ? Quelles sont les dépenses actuelles pour l'achat des boissons, snacks mis à disposition du personnel ?
  • l'aspect contrat et accord ayant des conséquences fondamentales et durables (dans le sens temporel du terme) (19) pour l'entreprise : une entreprise, une administration qui entreprend un travail de fond pour modifier ses cahiers des charges et y introduire des clauses de durabilité devrait en informer le CE. Idem si l'entreprise développe une politique de développement durable ou un système de gestion de l'environnement ou définit une politique environnementale sur laquelle elle communique.

En CPPT, la législation (20) permet plus facilement d'aborder les questions d'environnement. Le lien du thème de l'alimentation avec la santé des travailleurs devrait aussi faciliter la discussion et la mise en place de projet à travers l'action du CPPT, via le plan global de prévention et le plan annuel d'action. On pourra notamment aborder les questions suivantes :

  • les déchets ;
  • la réduction des émissions de CO2 ;
  • le développement d'action pour réduire les impacts sur l'environnement : un projet de cantine durable, le placement de fontaines d'eau du robinet, la proposition de snacks de qualité, etc. ;
  • l'intégration de la question de l'alimentation dans la politique environnementale de l'entreprise et/ou dans les objectifs du système de gestion de l'environnement (comme ISO 14001 et EMAS) ;
  • la définition de critères de durabilité dans le cahier des charges des fournisseurs ;
  • etc.

En DS, pensons à inclure dans une CCT des améliorations collectives des conditions de travail, justement en améliorant les propositions d'offre alimentaire (pour le restaurant d'entreprise, dans les possibilités de boissons ou collations proposées aux travailleurs). Une alimentation de meilleure qualité, la mise sur pied d'un potager d'entreprise, la participation des travailleurs à un projet d'alimentation durable sont autant d'éléments qui peuvent participer à réduire le stress dans l'entreprise et à favoriser les liens entre travailleurs.

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3. Exemples pratiques

Nous avons rassemblé ci-dessous des exemples d'actions menées par plusieurs entreprises. Les trois premiers ont été collationnés par Bruxelles-Environnement, le quatrième est un exemple de ce qui a été fait syndicalement dans une entreprise du Brabant wallon et le dernier concerne un projet citoyen dont l'objectif est de structurer la réflexion et d'aboutir à un plan d'action pour construire la souveraineté alimentaire locale tout en développant des emplois durables.

Exemples d'alimentation durable dans les collectivités

Exemple de Toyota Motor Europe

Exemple de la VUB

Exemple d'action syndicale chez Swift à la Hulpe

  • L'entreprise Swift, quelques données

    • Coopérative belge fondée en 1973 ;
    • installée à La Hulpe dans le Brabant wallon mais possédant des bureaux sur tous les continents ;
    • environ 2000 travailleurs ;
    • active dans le secteur du transfert sécurisé de données structurées interbancaires ;
    • 17 millions de messages/jour ;
    • 9 000 institutions connectées dans 200 pays (en 2012).
  • Les actions

Depuis plusieurs années, les actions syndicales sur l'environnement se multiplient chez SWIFT. Ont ainsi vu le jour des actions en matière :

  • de mobilité : mise en place de la formule de 1/3 payant avec la SNCB, développement du concept de budget mobilité pour les employés (au lieu de la voiture de société), campagne en faveur de l'utilisation du vélo (« Tous Vélo Actifs), projet bike to work, achats de vélos électriques pour les déplacements internes à l'entreprise, installation d'infrastructures autour de l'utilisation du vélo (vestiaires, douches, garages pour l'entretien des vélos) ;
  • d'énergie et de réduction de CO2 : virtualisation des serveurs, éclairage par LEDs avec détecteur de mouvement, installation de panneaux solaires thermiques, rénovation de l'isolation de tous les bâtiments, chaudière à cogénération pour alimenter en électricité et pour le chauffage de le crèche, projet de géothermie, etc. ;
  • de biodiversité : gestion différenciée, prairies fleuries, installation de ruches et de nichoirs, verger conservatoire d'espèces, etc.

Tout logiquement, des actions en matière d'alimentation durable sont venues se greffer sur le projet en matière de biodiversité et de réduction des émissions de CO2 :

  • organisation d'un système de paniers de fruits et légumes bio par l'entremise d'un producteur local ;
  • mise en place d'un menu végétarien à la cantine une à deux fois par semaine et utilisation de produits locaux et de saison ;
  • réalisation d'une étude pour la transition du restaurant d'entreprise vers une alimentation durable et implémentation progressive des différents concepts ;
  • sensibilisation des travailleurs à travers la projection du film Love Meat Tender.

La Ceinture aliment-terre liégeoise

Il s'agit d'un projet développé actuellement sur la région liégeoise qui vise à (re)créer un réseau de production alimentaire et de distribution locale (en circuit court) autour de Liège (à l'échelle de la province).

Cette initiative a pour origine plusieurs constats :

  • la perte de la maîtrise de la filière alimentaire, largement dans les mains de grands groupes multinationaux ;
  • un modèle d'agriculture et d'élevage dépendant largement des énergies fossiles non renouvelables, et non respectueux des écosystèmes et de la santé humaine ;
  • la tendance à la disparition d'un nombre important d'exploitations agricoles et d'une perte de souveraineté alimentaire régionale, avec, à contre-courant de cette tendance, des dizaines d'initiatives de production et de commercialisation alternatives, des projets concrets de production, de formation, d'accompagnement à l'installation, l'organisation de consommateurs en soutien à l'agriculture locale via les circuits courts, groupements d'achat, etc.

La Ceinture aliment-terre liégeoise rassemble une centaine de partenaires privés (maraîchers, distributeurs, groupements d'achat), mais aussi « institutionnels » ou publics (organismes de formation, communes, province, Agences de Développement Local, SPI,...)
Elle a pour ambition d'être la plate-forme qui facilitera le développement d'initiatives multiples allant toutes dans le sens d'une plus grande part de marché pour les produits locaux, « bons, propres et justes », accessibles à l'ensemble de la population.

Les organisations syndicales s'intéressent particulièrement à ce projet notamment parce qu'au-delà de la dimension sociale, citoyenne et environnementale, ce projet est un vecteur de développement économique potentiellement porteur d'emplois locaux, variés, et pour une part, accessibles à des travailleurs peu qualifiés.

Les organisations syndicales ont donc un rôle d'encadrement à jouer pour aider à structurer un secteur aujourd'hui trop souvent porté soit par de petits indépendants (maraîchers ou distributeurs), soit par l'économie sociale (entreprises d'insertion, EFT, OISP,...).

Les « circuits courts » ne doivent pas être synonymes d'emplois précaires.

La Ceinture aliment-terre liégeoise est une initiative à suivre et à soutenir.

Pour en savoir plus : http://www.catl.be/

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4. Boîte à outils

Les documents de référence

Il existe de nombreuses brochures sur la thématique de l'alimentation durable. Voici notre sélection de celles qui, à notre sens, vous seront les plus utiles.

Liens utiles

Affiches

Pour vous aider dans la réalisation d'une campagne d'information, voici un canevas pour la réalisation de votre propre affiche sur le thème de l'alimentation et interpeller les travailleurs.

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Notes

(1) Source : le Monde « Les raisons de l'addiction française aux pesticides » 27/10/2012. Retour au texte

(2) In Commissariat Général au Développement Durable, service de l'observation et des statistiques, note de synthèse sur l'eau - Qualité et ressource, 10 juillet 2013. Retour au texte

(3) Source : Alimentation et environnement : 100 gestes pour se régaler en respectant l'environnement et sa santé, Bruxelles Environnement, décembre 2013, p. 8. Retour au texte

(4) Source : jeu de la ficelle, fiches thématiques. Retour au texte

(5) RTBF 12/9/2013 http://www.rtbf.be/info/societe/detail_gaspillage-mondial-gifle-pour-les-870-millions-de-victimes-de-la-faim?id=8087606 Retour au texte

(6) RTBF 6/1/2014, http://www.rtbf.be/info/societe/detail_gaspillage-alimentaire-chat-sur-les-actions-mises-en-place-en-belgique?id=8168556. Retour au texte

(7) ADEME, Tout savoir sur l'éco-consommation, 2007. Retour au texte

(8) Arnaud Zacharie, in Demain Le Monde, Campagne pour la Souveraineté alimentaire du CNCD, 2007, cité dans le jeu de la ficelle p. 65. Retour au texte

(9) PAN Europe, pesticides in food, fact sheet, juin 2008. Retour au texte

(10) Le concept de souveraineté alimentaire a été défini pour la première fois en 1996 lors d'un sommet de la FAO. Il s'agit du droit d'une population ou d'un pays de définir et d